Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/12

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de lui, outre le bruit que fit jadis son évasion mystérieuse, qu’un renom superficiel, quelques hauts faits d’amour et de guerre, et le souvenir de certaines bizarreries qui lui gardèrent une célébrité vague d’où partirent plus tard les recherches dont les découvertes successives aboutirent à le porter si haut.

Il se trouva qu’adolescent dans l’intervalle de silence qui précéda la mort de M. d’Amercœur, j’entendis à l’auberge d’une petite ville lointaine prononcer ce nom qui se rattachait pour moi à toute une légende intime. Je m’enquis çà et là, et j’acquis la certitude que cet Amercœur était bien le célèbre marquis dont rêva ma jeunesse. Je cherchai à le voir ; il m’accorda l’entrevue demandée et je ne manquai de m’y rendre.

Du bout de la place j’aperçus l’hôtel de M. d’Amercœur. C’était une vaste bâtisse en pierre de liais. Trois des fenêtres, sous un fronton, ouvraient sur un balcon à grille renflée que soutenait de chaque côté de la porte une cariatide en saillie ; les autres croisées closes de persiennes, celles du rez-de-chaussée garnies de barreaux de fer. Le fronton, les pots à feu qui ornaient les combles projetaient sur la façade, l’un, un