Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/14

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de ses pétales, une autre, petite et blanche, paraissait délicieusement fanée à travers la nuance verdâtre de la vitre par laquelle on voyait deux parterres de fleurs flanquant un parterre d’eau entourés d’une sorte d’hémicycle de hauts buis taillés. Trois allées d’arbres divergentes y aboutissaient, dont la perspective se reflétait inversement dans trois grandes glaces posées au fond de la pièce sur des consoles dorées et entre des panneaux de boiserie. Çà et là, sur des scabellons se dressaient des bustes antiques. Un meuble de tapisserie adossait aux murs ses tabourets massifs et ses fauteuils monumentaux. Au centre une table supportait un beau vase d’agate veinée auprès d’un étui d’où sortait à demi une paire de lunettes d’or.

Le Marquis est toujours ingambe, m’avait-on dit, malgré ses quatre-vingts ans. Chaque jour, il gagne sa partie de boules. Il la quitta pour me recevoir.

Il venait du bout de l’allée centrale. Sa haute taille marchait courbée sur une canne. Les pans de sa houppelande de soie brochée lui battaient aux jarrets. Arrivé à la porte-fenêtre, au geste qu’il fit pour l’ouvrir, scintillèrent à ses doigts