Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/241

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connu à une époque où il croyait vivre. Comme d’autres il avait désiré, vu et possédé, puis, las d’être épars en ses désirs, approprié à leurs objets, accaparé par tout ce qu’il croyait posséder, il en avait fait des songes auxquels restait peut-être l’arrière-amertune d’être plus identiques à ce qu’ils suppléaient que cela même qu’ils eussent été.

La vie s’était refroidie et déposée en lui comme un ciel dans un miroir.

Ayant souffert d’être, lui-même, l’intermédiaire entre soi et la nature, Humbeline lui en avait été la médiatrice ! C’est à tout cela que faisaient allusion le miroir de la chambre d’Eustase et, sur la rocaille de funéraire ébène, l’énigmatique verrerie où la matière vitrifiée façonnait par illusion l’eau dont elle était vide, c’est à cela que s’appliquait aussi ce que disait Eustase, au crépuscule, du domaine d’Arnheim, de Psyché et d’Ulalume, ce qu’il disait des lèvres de la Solitude et du Silence !