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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/55

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jardins marécageux, ses ruelles inextricables, son parfum de fièvre et d’eau, mais c’est là qu’il trouve le seul divertissement qui lui plaise. Il chasse le chat. Ces animaux y pullulent. On les voit errer, çà et là, à demi sauvages, s’étirant sur la crête d’un mur, dormant au soleil parmi les pierrailles. La nuit, ils miaulent furieusement. M. de Termiane en a tué des milliers ; il s’embusque pour les surprendre, les guette, les abat. Plaisir singulier. Ils sont peut-être les marionnettes de quelque tragédie visionnaire. Leur petitesse sauvegarde de leur férocité et la mimique de leur agonie évoque des masques terribles. Qui sait ? Toute vie est inexplicable. L’empreinte du revers ne se devine pas à la face de la médaille. On ne voit dans tout miroir que l’inverse de ce qui s’y mire. Quant à la Princesse, que vous dirai-je ? Vous en saurez davantage et, s’il vous faut partir comme moi, un jour, vous comprendrez mon angoisse et pourquoi je tremble à l’idée de cette séparation, en pensant que je ne verrai plus la grille, le vestibule, les vastes salles, que je ne tiendrai plus à la main la petite lampe qui faisait ramper mon ombre à mon côté. Il y a des choses merveilleuses