Page:Régnier - La Cité des eaux, 15e éd.djvu/21

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Qu’importe ! ce n’est pas ta splendeur et ta gloire
Que visitent mes pas et que veulent mes yeux ;
Et je ne monte pas les marches de l’histoire
Au-devant du Héros qui survit en tes Dieux.

Il suffit que tes eaux égales et sans fête
Reposent dans leur ordre et leur tranquillité,
Sans que demeure rien en leur noble défaite,
De ce qui fut jadis un spectacle enchanté.

Que m’importent le jet, la gerbe et la cascade
Et que Neptune à sec ait brisé son trident,
Ni qu’en son bronze aride un farouche Encelade
Se soulève, une feuille morte entre les dents,

Pourvu que faible, basse, et dans l’ombre incertaine,
Du fond d’un vert bosquet qu’elle a pris pour tombeau,
J’entende longuement ta dernière fontaine,
Ô Versailles, pleurer sur toi, Cité des Eaux !