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LE SANG DE MARSYAS


Les arbres pleins de vent ne sont pas oublieux.
Victor Hugo. Le Salure.


Chaque arbre a dans le vent sa voix, humble ou hautaine,
Comme l’eau différente est diverse aux fontaines.
Écoute-les. Chaque arbre a sa voix dans le vent.
Le tronc muet confie au feuillage vivant
Le secret souterrain de ses sourdes racines.
La forêt tout entière est une voix divine ;
Écoute-la. Le chêne gronde et le bouleau
Chuchote, puis se tait quand le hêtre, plus haut,
Murmure ; l’orme gémit ; le frisson du saule,
Incertain et léger, est presque une parole,
Et, fort d’un âpre bruit et d’un souffle marin,