Page:Régnier - La Cité des eaux, 15e éd.djvu/93

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Le lion a rugi sous sa massue ardente ;
Il empoigna le noir sanglier par son crin
Et, du fauve farouche à la bête fumante,
Ses pieds nus ont rejoint la biche aux pieds d’airain ;

Mais, au lieu de percer de sa flèche intrépide
L’engeance aux rauques cris du lac aux noires eaux
Et de saisir, fougueux, l’étalon par la bride,
Il a forcé les Sons, il a dompté les Mots.

Ils ont autour de lui dansé comme des Faunes.
Les Nymphes ont souri de sa témérité
Et, grave, il a tressé d’immortelles couronnes
Et des guirlandes d’or au front de la Beauté.

Sa main forte a cueilli les pommes à la branche
Du jardin bleu gardé par le Dragon rampant.
La neige de l’hiver fleurit sa barbe blanche,
Et sa lyre d’ivoire a des cordes d’argent.