Page:Régnier - Le Miroir des heures, 1911.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




ANTOINE ET CLÉOPATRE




Ce soir, j’ai vu mourir Cléopâtre ! J’ai vu
L’aspic du Nil mordre son sein et son bras nu
Et se dresser, sifflant, parmi les figues vertes.
Le lourd sceptre est tombé de ses mains entr’ouvertes,
Mais la couronne encor cercle son front étroit…
Celle de qui l’amour faisait plus grand qu’un Roi
Le mortel fortuné choisi pour son étreinte
Semble dormir. La mort baisa sa lèvre peinte,
Si doucement que, lorsque César est entré,