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POUR LA PORTE DES PRÊTRESSES


Prêtresses ! relevez au-dessus des genoux
Vos robes d’argent clair que le soir rose et doux
Nuance du reflet de sa plus tiède lune ;
Ceignez vos fronts ; lavez vos mains ; prenez vos urnes
Pleines d’abeilles d’or et de papillons noirs ;
Nouez vos tresses en riant dans le miroir,
Et brisez le cristal qui vous a reflétées
Riantes, dans son eau, lointaines et nattées ;
Puis, deux à deux, sortez dans la nuit qui s’étoile…
Et, si le vent tout bas chuchote dans vos voiles,
En silence marchez par la blancheur des rues
En portant, tour à tour, sur vos épaules nues
L’idole aux yeux de jaspe vert qu’une fois l’an
Vous promenez autour de la ville, à pas lents,
Dans le sommeil en fleurs de la campagne calme.
Buvez à la fontaine où vous cueillez la palme ;
Mais quand vous reviendrez dans l’ombre, gardez bien,
Prêtresses qui veillez aux cailloux du chemin,