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INSCRIPTIONS POUR LES TREIZE PORTES DE LA VILLE


POUR LA PORTE DES COMÉDIENNES


Le chariot s’arrête à l’angle de mon mur.
Le soir est beau, le ciel est bleu, les blés sont mûrs ;
La Nymphe tourne et danse autour de la fontaine ;
Le Faune rit ; l’Été mystérieux ramène
À son heure la troupe errante et le vieux char,
Et celles dont le jeu, par le masque et le fard,
Mime sur le tréteau où pose leur pied nu
La fable populaire ou le mythe ingénu
Et l’histoire divine, humaine et monstrueuse,
Qu’au miroir de la source, au fond des grottes creuses,
Avec leurs bonds, avec leurs cris, avec leurs rires,
La Dryade argentine et le jaune Satyre
Reprennent d’âge en âge à l’ombre des grands bois.
Venez ! l’heure est propice et la foule est sans voix,
Et l’attente sourit déjà dans les yeux clairs
Des enfants et des doux vieillards, et, à travers
Ma porte qui, pour vous, s’ouvrira toute grande,
Hospitalière et gaie et lourde de guirlandes,