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LES JEUX RUSTIQUES ET DIVINS

Et, pour bien l’accueillir, j’ai fait, et pour lui plaire,
Du plus vert des roseaux la flûte la plus claire.


Été, tu dors. En l’ombre douce à qui est las
Repose, car ta joue est moite sur ton bras,
Et dans la paix en fleurs de l’herbe jaune et verte
Un épi tremble encor à ta main entr’ouverte.
Ta faucille d’acier finira la moisson
Pas à pas, jour par jour, avant qu’à l’horizon
Ce croissant incurvé soit une lune pleine.
Mais le temps passe, vois déjà dans la fontaine
Une feuille séchée et vois la fleur flétrie ;
L’ombre des peupliers tourne sur la prairie ;
La nuit s’achève, et le soleil, Été qui dors,
De ma flûte d’argent va faire un roseau d’or.


J’ai vu l’Automne souriant à travers l’ombre
De son voile de brume et de soie
En robe longue.....
Mains lourdes, pieds saignants, front qui ploie,
Elle marchait le long du mur des treilles hautes,
Et, quand ceux qui cueillaient la grappe
Et les autres