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ARÉTHUSE


LE FAUNE AU MIROIR


 
Tristesse, j’ai bâti ta maison, et les arbres
Mélangent leur jaspure aux taches de tes marbres,
Tristesse, j’ai bâti ton palais vert et noir
Où l’if du deuil s’allie aux myrtes de l’espoir ;
Tes fenêtres, dans le cristal de leurs carreaux,
Reflètent des jardins de balustres et d’eaux
Où s’encadre le ciel à leur exactitude ;
L’écho morne y converse avec la solitude
Qui se cherche elle-même autour de ses cyprès ;
Plus loin c’est le silence et toute la forêt,
La vie âpre, le vent qui rôde, l’herbe grasse
Où se marque, selon la stature qui passe,
Un sabot bestial au lieu d’un pied divin ;
Plus loin, c’est le Satyre et plus loin le Sylvain
Et la Nymphe qui, nue, habite les fontaines
Solitaires où près des eaux thessaliennes
Le Centaure en ruant ébrèche les cailloux,