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LES JEUX RUSTIQUES ET DIVINS


DISCOURS À DAPHNIS


Le vent, au crépuscule, a soufflé dans les chênes,
Daphnis ! la route est sombre au troupeau que tu mènes ;
La brebis bêle, un bélier guette et l’agneau butte ;
Le vent aigre est entré par les fentes des flûtes,
Tes lèvres qui baisaient jadis le bois y mordent ;
La feuille morte, on voit mieux les ceps qui se tordent :
Le sarment est le bras noueux de la vendange,
Et le chemin bifurque à la saison qui change,
Et voici que dans l’ombre hésite ta pensée,
Comme si tu voulais ouïr ta voix passée
Dans l’écho qui l’appelle et où tu la retrouves
Anxieuse et y disputant aux maigres louves
Du regret les brebis de tes heures laissées,
Au lieu de suivre sur le chemin tes pensées
Qui, à la suite, et dans le vent et par le soir,
S’en vont vers le printemps, là-bas, et vers l’espoir
Et vers l’aurore en fleurs et les avrils nouveaux,
Avec le bélier grave et les calmes agneaux.