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ARÉTHUSE


EXORDE


Que le vent de la Mer, ô Voyageuse, torde
Ta chevelure, moi, sur la grève j’accorde
La voix de ma mémoire à ce qui songe en elle ;
C’est l’absence aujourd’hui qui t’a faite éternelle,
Douce Ombre que je vois assise sur le sable,
Pour toujours, souriante à l’heure impérissable ;
Et je te chanterai en face de la Mer,
En mon âme, d’un chant à jamais grave et clair,
En souvenir des pierres vives du collier,
Et, note à note, tu les verras scintiller :
Le rubis qui s’embrase à la topaze chaude
Ou, aigre dans sa fièvre verte, l’émeraude,
Le diamant et, grasse, l’opale qui tremble,
Car, pasteur curieux des sons qui leur ressemblent,
Mystérieusement, dans l’ombre, je dédie
Les sept trous de ma flûte à tes sept pierreries !