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les médailles d’argile

Et, chaque soir, j’apporte à la place où j’ai cru
Voir les divins amants s’étreindre bouche à bouche
Quelques branches de myrte ou quelque lourde souche,
Et j’allume, en l’honneur de leur baiser sacré,
Un grand feu qui pétille et qui flambe empourpré,
Et qui monte, grandit et, radieux, éclate
En la haute fureur de sa flamme écarlate,
Et qui, splendide, et tel que leur tragique amour
Ne laisse chaque fois de lui-même et toujours
Qu’une cendre stérile, une vaine fumée…
Et maintenant, par toi, je sais ô Renommée,
Que ce couple entrevu jadis sur le ciel clair,
Se tenant par la main et regardant la mer
Du haut du promontoire où la flamme rougeoie,
Fut Hélène de Sparte avec Pâris de Troie.