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hélène de sparte


Et, déchirant la pourpre à ses ongles aigus,
Cassandre, qui, fiévreuse aux lambeaux de sa robe,
Rêve, farouche encor des maux qu’elle a prévus.
Diomède est debout auprès de Déiphobe.

Le cavalier Nestor qui vit en sa saison
Se heurter du poitrail Centaures et Lapithes
Et sur l’Argo jadis vogua vers la Toison
Branle sa tête chauve a présent décrépite.

La colère d’Ajax par son sang apaisé
Gronde encor en son geste et tord son poing robuste,
Et l’Amazone montre un sein cicatrisé
Et pose sur son arc la flèche qu’elle ajuste.

Et plus loin, derrière eux, l’innombrable troupeau
Des Ombres, pour mieux voir se bouscule et se rue,
Et s’augmente, et se hausse, et presse au bord de l’eau
Sa masse impatiente et sa poussée accrue ;

Sur Celle qui descend à l’infernal séjour.
Vont-ils venger au fond de la nuit souterraine
Le cruel souvenir de leurs terrestres jours ?
Leur attente sans voix halète sans haleine…