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à travers l’an


Solitude, silence et, dans notre mémoire,
Équivoque rumeur qui monte d’autrefois,
Et la grande aile d’or qui passe sur l’eau noire
Où notre face en pleurs se penche et se revoit.

Je ne sais, mais je sens, Maison mystérieuse,
Pour l’invisible pas qui visita ton seuil,
S’exhaler sourdement, de ta pierre pieuse,
Comme un amer parfum de regret et d’orgueil.

Ton jardin est plus beau, tes roses sont plus belles.
Ta fontaine secrète et tes bassins verdis
Délaissés maintenant de leurs eaux infidèles,
Savent le nom sacré que tout bas tu redis.

Et je te reconnais, charme ineffable et sombre,
Délice, cher parfum, présence qui toujours
Revis dans le regard et survis dans les ombres
Des êtres et des lieux qu’a visités l’amour !