Page:Régnier - Les Médailles d’argile, 1903.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
199
à travers l’an

L’ÉCHANGE


J’ai senti vivre en moi la terre maternelle
Et naître son printemps et croître son été,
Et mon automne à moi et son automne à elle
L’une à l’autre s’unir en leur maturité.

Son sang mystérieux à ma sève se mêle
Et c’est un même fruit que nos ceps ont porté ;
Sa grappe chaque année à ma grappe est jumelle
Et je me sens fécond de sa fécondité.

Son pampre, ses épis, son lierre et ses roses
Couronnent ma Pensée et son air pur m’apporte
L’odeur de ses moissons et de ses fleurs écloses.

Ô Terre, tes parfums vibrent dans ma voix forte,
Mais mon souffle à son tour module en tes roseaux
Les frissons de ta brise et le bruit de tes eaux.