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à travers l’an

L’ABRI


Clos la fenêtre obscure et ferme la maison ;
Laisse monter le lierre et dormir le silence,
Et que des mille fers de sa multiple lance,
La plante aux bras noueux garde notre horizon.

Le printemps, au dehors, embaume le gazon ;
Cueille la fleur qui rit, cueille la fleur qui pense ;
Notre triste jardin que la mort ensemence
Est l’âtre que blanchit la cendre du tison.

N’entre pas. Laisse-nous, à nous qui sommes mortes,
L’abri mystérieux des seuils clos et des portes.
Ton pas te reviendrait au fond du corridor.

Le silence appartient aux voix qui se sont tues,
Car chaque Ombre toujours habite toute encor
La chambre solitaire où elles furent nues.