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les passants du passé

LE COURTISAN


L’homme est peint à mi-corps en son cadre d’or roux
Et regarde du fond de l’ombre qu’il éclaire
Du regard de ses yeux dont sa bouche sait taire,
Ironique, la joie, ou calme, le courroux.

Le front est haut, avec des sourcils de jaloux
Hérissés d’un poil brun qu’une ride resserre,
Le nez astucieux évente, guette et flaire ;
La main longue est sans bague et l’habit sans bijoux.

Au coin du vieux tableau, à gauche, encore, on voit
L’inscription grattée et qui jadis fit foi
Des titres qu’il tirait des biens dont il fut maître ;

Et cet homme inconnu dont nul ne sait le nom
À la cour du Grand Roi, naguère, a fait, peut-être
Saluer bas Dangeau et pester Saint-Simon.