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les passants du passé

L’HOMMAGE


Sa bouche en fleur sourit au temps qui l’a laissée
Se survivre à jamais, silencieuse et belle ;
Et, par delà les ans, peut-être, connut-elle
Le désir d’être un jour, douce à quelque pensée.

Si l’attente inutile et l’oubli l’ont lassée
Et si nul n’a compris son regard qui l’appelle,
Qu’un hommage tardif demeure au moins fidèle
À son rêve muet de vivante passée.

Ce portrait attentif d’une Ombre qui fut tendre
En sa poussière pâle et frêle, semble attendre
La rose qu’au printemps j’offre à sa jeune grâce,

Et, pour que sa beauté puisse encor s’y revoir,
Je présente au pastel qui peu à peu s’efface
Le sourire incertain que lui rend le miroir.