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les médailles d’argile

LES DEUX SŒURS


L’une tient à la main une fleur ; l’autre penche
Pour la mieux respirer sa tête et l’on devine
Que ce geste, à demi, qui la courbe et l’incline
Fait plus ronde sa gorge et plus souple sa hanche.

Près d’elles, une source au rocher qui l’épanche
Jaillit, qui dans son eau mire Hortense et Pauline
Et reflète en passant la fraîche mousseline
Où l’une est toute rose et l’autre toute blanche.

En leur double portrait qui lentement s’écaille,
Souriantes, elles se tiennent par la taille
Et pensent aux absent qui les ont faites sœurs ;

Leur double bracelet a les mêmes camées,
Car elles ont ensemble éprouvé la douceur
D’être toutes les deux en même temps aimées.