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LA MÈRE


Prends garde, jeune mère, à l’enfant que tu portes.
Évite la ruelle et ne t’arrête pas,
Avec lui qui sommeille ou rit entre tes bras,
À l’angle de la place ou sur le seuil des portes.

Suis le sentier. Crois-moi. Il vaut mieux que tu sortes
De la ville et marcher doucement, pas à pas,
Le long de cette haie où tu respireras
Aux jardins qu’elle clôt l’odeur des roses fortes.

Il est, plus loin, des lieux tranquilles, ce vieux temple
En ruine où le temps a fait croître plus ample
Le lierre rampant sur les dalles qu’il rompt…

Assieds-toi en chemin devant le soir qui tombe
Et montre à cet enfant dont les jours passeront
La borne de la route et la stèle des tombes.