Page:Régnier - Les Médailles d’argile, 1903.djvu/49

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Le vieux rosier qui rampe et monte à la muraille
Fait fleurir tristement au toit de ta maison
Une dernière rose en l’or givré des pailles.

Mets la bûche au foyer et la flamme au tison ;
L’automne t’avertit de l’hiver ; l’hirondelle
A cherché le soleil derrière l’horizon ;

Mais, avant de rentrer à l’âtre qui t’appelle,
Tu veux fixer encor par un dernier labeur
Un songe passager dans l’argile fidèle.

C’est bien ; dans sa tristesse ou dans sa fauve ardeur,
Fais sourire ou pleurer le profil ou la face
De celles dont l’amour a dormi sur ton cœur.

La ronde langoureuse où leur beauté s’enlace
Se noue autour de toi en se tenant les mains,
Et chacune par toi va revivre en sa grâce.

Qu’importe maintenant l’hiver ! si tu le crains
N’as-tu pas pour charmer sa saison ténébreuse
Tout le printemps qui rit en ses jeunes matins ?

Laisse l’argile froide et la glaise frileuse
Se gercer sous le gel où durcit le sol nu
Que dessèche le vent et que l’averse creuse.