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L’ALERTE


Prends la trompe de bronze et monte sur la tour.
Une aurore de sang à l’horizon hostile
Empourpre le pavé, le fronton et la tuile
Et sa lueur livide annonce un mauvais jour.

Penche-toi. À tes pieds s’élargit le contour
Du haut mur anguleux qui protège la Ville,
Et, saluant les dieux debout aux péristyles,
D’un grand geste muet lève le buccin lourd.

Pour que l’alerte épande aux quatre coins du ciel
Sa fanfare guerrière et son farouche appel,
Gonfle ta joue et mords de la dent le métal ;

Mai, savant qu’en l’airain ta voix éclate et crie,
À plein souffle, et la bouche ouverte au vent natal,
Respire autour de toi l’air pur de la patrie.