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LE PIÈGE


Tu hantes la montagne et tu fuis le vallon
Où la source secrète encore et sans fontaine
Humecte sourdement de son eau souterraine
Le sol de glaise grasse et qui suinte aux talons.

Y craindrais-tu le taon, la guêpe ou le frelon
Qui bourdonne au poitrail ou qui pique à la veine
Que tu cherches le roc, la crête et la moraine
Plus sèche et plus solide à ton pas d’étalon ?

Ô Centaure goulu, pour t’attirer, ma ruse
T’offre dans l’herbe fraîche une outre qui t’abuse.
Tu la flaires, la bois et pars en hennissant,

Mais déjà ton sabot a marqué dans l’argile
Son empreinte où j’arrête, ô farouche Passant,
Ton galop que j’y sculpte à jamais immobile.