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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/111

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ménagés M. de Bréot. Il avait laissé entendre que M. le lieutenant de police n’aime guère les trafics du genre de celui dont ils avaient fait l’essai ; de telle sorte que les deux Courboin furent assez disposés à s’en tenir là. Ils paraissaient résignés à croire que la volonté de Dieu était qu’ils s’occupassent à vendre des loques et des chiffons au lieu de chercher à accroître leur bien par des voies plus courtes et plus lucratives. C’est pourquoi ils permirent aisément à M. de Bréot d’emmener avec lui leur fille Annette pour la conduire à madame la marquise de Preignelay, qu’elle devait seconder dans les diverses pratiques auxquelles, chaque jour, cette dame ne manquait pas, afin de se mettre en état de recevoir la Cour et la Ville, et de façon à ne point écarter par l’aspect de son visage ceux qu’elle attirait à elle par l’agrément de son esprit.

Il lui fallait quelqu’un pour l’aider à ces soins. La jeune Annette dut donc apprendre à habiller et à coiffer, à passer une chemise, à tendre les bas et à s’acquitter de différentes complaisances en échange de quoi Annette Courboin reçut, de madame de Preignelay, le lit, la table, et un écu par mois. Au bout de peu de temps, du reste, elle s’acquitta fort bien de cet office. Elle prit bonne mine et