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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/150

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là le carrosse dont les chevaux se démenaient furieusement, ils se dirigèrent vers le portail que monsieur le duc montrait du geste à sa femme comme pour lui en faire les honneurs, et disparurent à ma vue.

» Je demeurai à l’endroit où je me trouvais, stupide, hébété. Quand je revins à moi, la place était vide. Le carrosse n’était plus là. Il ne restait que deux torches qui achevaient de brûler dans les anneaux de fer où on les avait fichées, de chaque côté de la porte refermée. Je m’approchai. La rose que madame la duchesse tenait à la main avait perdu quelques-uns de ses pétales rouges qui semblaient tacher d’un sang fleuri la dalle nue et silencieuse.


M. Herbou s’arrêta un instant. Sa large face était comme illuminée au reflet de ces torches anciennes, et toute éclairée de ce souvenir d’autrefois. Il soupira profondément, comme quelqu’un à qui le souffle manque d’avoir couru, loin et d’un trait, au fond du passé, et il reprit en ces termes :

– Ce fut une histoire singulière, monsieur, que celle du mariage de monsieur le duc de Grigny avec mademoiselle de Barandin. Elle était fort jeune