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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/157

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Monsieur le duc de Grigny possédait justement un terrain fort vaste et très propre à ce qu’il voulait : celui même où avait été tué le pauvre monsieur de Cérac. Le projet de monsieur de Grigny s’exécuta rapidement, et ce fut comme je vous l’ai dit que je l’aperçus, un soir, descendant de son carrosse avec madame la duchesse, et que je les vis sous le portail, à la lueur des torches, y entrer pour la première fois.


M. de Bréot commençait à s’intéresser très vivement au récit de M. Herbou.

– À partir de ce soir-là, monsieur, cet hôtel de Grigny devint, si je puis parler ainsi, le centre de ma vie et le lieu de mes pensées. Les rues que je suivais y ramenaient insensiblement mes pas. Je ne pouvais regarder son portail sans que mon cœur se mît à battre. Il ne se passait plus un jour que je ne vinsse le contempler. Ce n’était plus, comme auparavant, par une sorte de curiosité incertaine, mais par une force irrésistible. Quelquefois, quand j’étais à étudier ma flûte dans mon galetas, le souffle me manquait brusquement et mes doigts engourdis s’appesantissaient sur le bois. À ces moments, une sorte de démon s’emparait de moi.