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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/170

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et nous suivîmes une allée couverte entre des palissades de buis. Au bout de l’allée, à un rond-point, murmurait une fontaine. L’eau de sa vasque débordait dans un bassin. Au loin, l’hôtel de Grigny formait une masse sombre et dormante. Nous en approchâmes. Maître Pucelard frappa à une petite porte qui s’ouvrit et par où nous pénétrâmes dans un corridor obscur. Nous descendîmes quelques marches. Maître Pucelard me poussait devant lui par les épaules.

» Nous nous trouvions dans une salle brillamment éclairée où une table était dressée. Elle était servie de mets et de vins, avec deux sièges disposés côte à côte. Maître Pucelard nous avait fait ranger et avait pris lui-même place contre la muraille. Nous attendîmes. Mon cœur battait. Ah ! monsieur, il battit bien plus encore et je pensai qu’il m’allait rompre la poitrine quand je vis entrer où nous étions madame la duchesse de Grigny elle-même et dans l’ajustement le plus galant : ses beaux cheveux d’or coiffés à merveille et sa gorge découverte. Derrière elle, s’avançait monsieur le comte des Bertonnières. Que faisait-il, à cette heure de nuit, chez madame la duchesse ? Qu’y faisions-nous nous-mêmes ? Que signifiait ce repas clandestin ? Cependant les