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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/185

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ma proposition, sans trop comprendre le plaisir qu’il pourrait bien y avoir pour moi à courir les routes à la suite d’un cercueil ; mais l’argent que je lui offris le décida et l’aida à trouver fort bon qu’il en fût ainsi. Nous nous arrangeâmes. Il promit de me prêter les guenilles nécessaires à mon nouveau personnage et de me figurer sur le visage la dartre qu’il simulait si adroitement sur le sien. Ainsi grimé, et mes compagnons avertis de la substitution, je n’aurais qu’à me rendre à l’hôtel de Grigny, à la nuit tombante, et personne ne s’apercevrait de rien.

» Lorsque je me présentai à l’hôtel de Grigny, j’étais fort troublé. On me dit d’aller rejoindre, à l’endroit où ils étaient déjà, mes compagnons. C’était une salle basse et obscure où des ombres s’agitaient confusément. À peine entré, je fus suffoqué par la mauvaise odeur qu’on y respirait, quoique je fusse déjà habitué à celle que répandaient les guenilles dont m’avait paré l’honnête Jean Ricouillot. Mais, avant que j’eusse eu le temps de réfléchir aux inconvénients de ma situation, je fus saisi assez rudement par deux laquais, dont l’un me jetait sur le dos une espèce de longue robe flottante, tandis que l’autre ayant fait sauter mon chapeau d’un