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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/189

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Oui, la Luxure, qui était Lucie Robine, et l’Avarice, qui était Jean Guilbert, le bossu, s’esclaffaient, et Charles Langru, l’Envie, et le gros Lardois, la Colère, et la Gourmandise, que représentait Jacques Ragoire, se tenaient les côtes, et Justine Le Cras, la Paresse, soutenait à deux mains son ventre énorme, – tous, monsieur, sauf monsieur le duc de Grigny, qui ne riait pas et qui faisait signe aux cochers de pousser leurs chevaux à travers cette foule qui semblait avoir oublié que derrière notre mascarade, se cachait, pourtant, monsieur, le visage vrai de la mort.

M. Herbou reprit haleine, et poursuivit :

– Le carrosse où je me trouvais suivait juste le chariot sur lequel était placé le cercueil de madame la duchesse de Grigny. Quatre laquais de monsieur le duc l’accompagnaient à cheval avec des torches, sur un pavé qui le cahotait rudement. J’étais encore tout abasourdi de notre départ. Ces rires, ces cris me bourdonnaient aux oreilles. J’avais chaud. J’essuyai la sueur de mon front : j’y sentis la couronne de carton qui me coiffait. Peu à peu le souvenir me revenait du rôle que je jouais en cette lugubre facétie. J’en éprouvais une honte extrême et pour