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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/261

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M. Le Varlon de Verrigny hochait la tête et se mettait à rire. L’idée de retourner dans le monde lui paraissait fort plaisante. Qu’y ferait-il sans perruque et en gros souliers ! D’ailleurs il n’y avait jamais été aussi heureux que maintenant qu’il vivait dans la solitude. Il y éprouvait une sécurité et un allègement singuliers. Et il n’imaginait plus d’autre bonheur que de redresser les phrases de M. Ravaut et de porter son fagot, côte à côte avec M. de La Bégissière.

– Tant mieux, mon ami, tant mieux, – repartait ce dernier, – tenons-nous bien où nous sommes, car nous avons pris, croyez-m’en, le bon parti. Il est vrai même que, pour mon compte, j’ai quelque honte, presque, de l’avoir pris. Avouez que nous voici à l’écart et à l’abri du danger et qu’après tout c’est tricher un peu que de se ménager ainsi un état à part, au prix de quelques petits sacrifices et de quelques petites duretés envers nous-mêmes. Ne nous sommes-nous point donné un avantage qui parfois me paraît impertinent ? Ne serait-il point plus beau et plus généreux d’affronter les chances communes et de chercher à vivre en Dieu tout en continuant à vivre dans le monde ? Profitons donc du rempart que nous nous sommes fait et