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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/277

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Et M. Le Varlon de Verrigny, essoufflé, tout rouge de honte et de colère, se laissa tomber lourdement sur le banc, auprès de M. de La Bégissière.

– Ah ! monsieur, pourquoi Dieu m’a-t-il arraché du monde pour me conduire ici ? Ce qui me paraissait un effet de la grâce divine ne serait-il pas bien plutôt un artifice de la céleste rancune ? Que n’en suis-je resté à mon vieux péché ! Encore fallait-il pour le commettre des occasions qui ne se présentaient pas toujours, tandis que ceux-ci me travaillent à toute heure et que j’ai pour les ruminer toute la solitude des journées et toute la longueur des nuits.

Et M. Le Varlon de Verrigny cacha sa tête dans ses mains comme quelqu’un accablé d’un véritable désespoir. M. de La Bégissière avait cessé de se gratter le talon.

– Je vous ai promis, monsieur, de vous donner mon petit avis sur ce que vous me diriez, et je veux moins encore que tout à l’heure manquer à ma promesse. Je crois, pour de vrai, que vous n’êtes pas fait pour les lieux où nous sommes. Ceux qui s’y retirent sont des gens qui ont voulu gagner le ciel à coup sûr et qui se sacrifient tout entiers à cet enjeu, et je crains bien que vous ne soyez point