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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/295

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fussent bien stupides pour ne pas se servir de ce qui leur vient aux oreilles sans qu’il leur soit besoin de prendre aucune autre peine que de les ouvrir toutes grandes ! Chacun ne s’empresse-t-il pas à l’envi de leur expliquer tout bas la mécanique des sentiments et les ressorts des passions ? On leur confie tout, depuis le crime le plus noir jusqu’à la plus petite pensée. Ils apprennent l’homme par lui-même en toute sa minutie, et tout ce qui se propose ou s’entreprend leur arrive à découvert, en ses machinations les plus cachées. Pensez, d’ailleurs, monsieur, combien cette confiance est raisonnable, si vous voulez bien songer que, pour tout le mal qu’on leur rapporte, ces messieurs disposent du pardon de Dieu, tandis que celui que, nous autres, nous pouvons découvrir relève de la justice des hommes et qu’il y a d’eux à nous, pour espace, celui qui sépare la Croix de la Potence.

M. Hussonnois s’arrêta un instant de parler pour boire, puis il reposa son verre vide sur la table et reprit son discours interrompu.

– Nous et eux, monsieur, nous en arrivons tout de même à peu près au même point, mais c’est nous qui y avons le plus de mérite. Il ne nous suffit pas de nous asseoir, quelques heures par jour, derrière