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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/309

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car c’était une Nymphe des Fontaines. Ô spectacle d’une nuit heureuse ! c’est ton souvenir que j’ai poursuivi jusqu’ici. Moins heureux que mes frères, je n’ai pas été enchaîné par les mains de la Nymphe victorieuse, mais j’ai assisté à leurs jeux et si…

Cette allusion aux fêtes du Verduron fit rougir madame de Blionne ; ses joues se couvrirent d’une pourpre rapide.

– Prenez garde, prenez garde, Sylvain trop hardi, – s’écria-t-elle. – Craignez de vous être imprudemment hasardé en ces lieux. Vous n’y trouverez rien de ce que vous y cherchez. Cette Nymphe dont vous parlez n’est plus ; je ne la connais pas et j’ignore si elle a jamais existé autre part que dans un vain songe. Du reste, sachez que le maître de ces arbres et de ces fontaines n’est point favorable aux Nymphes et aux Sylvains. Il n’aime pas que l’on se promène sous ses ombrages et que l’on se mire à ses eaux. Ses jardins ne sont pas sûrs. Des molosses en gardent les avenues. Redoutez de les voir accourir, la gueule béante et les crocs acérés. Il me semble déjà les entendre à vos talons et que leurs abois résonnent à mes oreilles. Fuyez, ô Sylvain, lorsqu’il en est temps encore ! N’attendez pas qu’ils vous mordent aux jambes et qu’ils déchirent