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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/37

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qu’il augmente que du remploi de son superflu. Ma maison est belle. Mon carrosse et mon habit sont selon ma condition et mon état. J’en remplis les devoirs et j’en accomplis les charges. C’est vous dire que je ne suis point paresseux. Je n’ai guère de colère que contre moi-même. Ma gourmandise est petite. Je traite mes amis mieux que moi et je ne bois pas de vin ; j’en redoute les fumées. Pourtant j’aime à me nourrir. Le plus commun y suffit pourvu que la quantité en soit abondante. Mon corps est vigoureux et sa force demande un aliment substantiel. Ne voilà-t-il point honnête portrait ? Celui à qui il ressemble ne vous paraît-il pas vivre selon ce que Dieu ordonne ? Je ne vous ai point dit qu’en plus j’avais de la religion. Ne sont-ce point là de bonnes conditions pour faire son salut ? Le mien n’a-t-il pas bien l’air d’être assuré ? Voilà quelqu’un, pourriez-vous dire, qui gagnera le ciel, sinon par les voies où s’engagent les dévots ou les saints, au moins par le grand chemin qui y mènera le commun des élus.

Il s’arrêta de nouveau et sa voix se renforça. L’intérieur de la grotte, à l’entrée de laquelle M. de Bréot et lui étaient assis, la renvoyait plus sonore.

– Eh bien, monsieur, il n’en est rien, – reprit-