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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/57

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sa hardiesse et son impiété ne le cédaient, en cynisme et en crapule, à rien de ce qui se disait autour de lui de plus osé, car ces messieurs, en leurs paroles, ne respectaient guère les oreilles. M. de Bercaillé tenait sa place à ces orgies. Les coudes sur la table, il menait grand train, se remplissait de nourriture, fumait, dans une longue pipe de terre, un tabac empesté et pinçait les servantes.

Elles étaient, en effet, avec boire et fumer, l’autre consolation de M. Floreau de Bercaillé contre les misères du temps et les tracas de l’existence. Bien qu’il eût déjà dépassé quarante ans, il demeurait d’une certaine vigueur de corps et d’un tempérament assez valeureux, comme l’annonçaient son teint rouge, son œil vif et son poil ardent. Ces apparences ne se démentaient point à l’épreuve. Du reste, en ces matières, M. de Bercaillé était un sage à sa façon. Il ne prétendait à rien de plus particulier que de quoi satisfaire son penchant. À cela, un corps de femme suffit, quelle qu’en soit la proportion ou la couleur et pourvu qu’il se prête volontiers au jeu. M. de Bercaillé n’aimait pas les difficultés et les défenses. Il disait que ce qu’il entendait faire était trop naturel pour valoir