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Page:Régnier - Portraits et Souvenirs, 1913.djvu/15

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LACLOS


Il y a, au Musée de Versailles, un curieux pastel par Boilly. C’est le portrait d’un homme de cinquante ans, et qui a vécu. Sous la poudre, ses cheveux se gonflent en rouleaux au-dessus de l’oreille. Le visage est rond et plein, avec un air de finesse et d’attention. La singularité de cette figure, à la fois ironique, spirituelle et volontaire, est dans les yeux qui semblent, à mesure qu’ils observent, renfermer ce qu’ils ont vu sous un froncement très particulier des sourcils. Ce regard ne fait pas que regarder, il se souvient. Le personnage qui vous considère ainsi est un peu penché en avant. On dirait qu’il attend que vous ayez lu son nom gravé au bas du cadre. Approchez-vous. Vous êtes devant Pierre-Ambroise-François Choderlos de Laclos, général et romancier français, devant l’auteur des Liaisons dangereuses.

La fortune est imprévue. Laclos doit tout à ce livre qu’il a peut-être écrit par hasard, bien qu’il ait prétendu, comme il l’a dit ensuite, composer là un ouvrage « qui retentît encore sur la terre