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84 PRKMIERS POÈMES livres, confidents de la pensée humaine. Gardiens silencieux de trésors amassés. Il est des heures où la fatigue ramène Les cœurs pris de tristesse et les esprits lassés Aux livres confidents de la pensée humaine, Car entre leurs feuillets sommeille le parfum De rêves confiés et d’intimes détresses, De vœux inexaucés ; et c’est là que plus d’un Mit ses plus chers espoirs, ses meilleures tendresses Qui montent des feuillets comme un vivant parfum. C’est vers eux qu’on s’en vient encore aux heures lentes Lorsque, pris du dégoût des hommes coudoyés Et de l’écœurement des choses ambiantes. On appelle l’essor des rêves éployés ; C’est vers eux qu’on revient toujours aux heures lentes ; Et l’esprit allégé fuit sur l’aile des mots, Trompant ainsi l’ennui des traînantes journées ; Dans un oubli voulu du réel et des maux, Au froissement fébrile des pages tournées, L’esprit allégé fuit sur les ailes des mots.