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XI


Nicolas de Galandot attendait dans l’avant-cour l’arrivée de Julie. De temps à autre, il tirait sa montre et la portait à son oreille pour voir si elle marchait bien, car l’attente lui paraissait longue. Aucun bruit ne troublait la cour silencieuse. L’herbe y poussait doucement au soleil entre les petits pavés de grès. Ces pavés attiraient pour la première fois l’attention de Nicolas. Ils étaient de couleurs diverses, beaucoup gris, quelques-uns bleuâtres et, çà et là, de presque roses. Dans un coin, deux pigeons picoraient. Nicolas, dans sa promenade, s’en approchait ; alors ils se levaient lourdement et passaient ras au-dessus de sa tête avec un gros bruit d’ailes et allaient se poser dans le coin opposé où le retour de ses pas les troublait de nouveau, et ainsi jusqu’à ce que, dérangés, ils s’envolassent pour de bon. Nicolas, resté seul dans la cour, se tint debout immobile et comme engourdi de chaleur.

Enfin un claquement de fouet et un grondement de roues annoncèrent la venue du carrosse. M. du Fresnay embrassa tendrement Julie, et Nicolas se trouva seul en face d’elle.