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LA DOUBLE MAÎTRESSE

deuses. Ensuite il se rendrait chez Mme  la comtesse de Gurcy qui prétendait avoir des bontés pour lui.

Mme  de Gurcy demeurait rue des Filles-Saint-Thomas-du-Louvre. Il rencontrerait sans doute chez elle son amie Mme  de Meilhenc qui lui plaisait davantage et à qui il plaisait également, car on s’occupait beaucoup du cœur de M. de Portebize. Il se voyait l’enjeu de coquettes rivales et, sentant sa valeur de nouveau venu, il se marchandait fort et entendait bien ne débuter qu’avec un éclat que Mme  de Gurcy n’était pas plus en état de lui offrir que Mme  de Meilhenc ne se trouvait en mesure de le lui donner. Du reste, il ne se hâtait point et se contentait avec des filles.

C’est à elles qu’il dut la rencontre du chevalier de Gurcy et ce fut chez elles que les deux jeunes gens, en se retrouvant, tombèrent aux bras l’un de l’autre. Ils ne s’étaient point revus depuis le collège et, de ce jour, ne se quittèrent plus, si bien que le chevalier n’eut de cesse qu’il eût conduit son ami chez sa mère. M. de Portebize fut de la maison et il ne tenait qu’à lui d’être de la famille. Le chevalier trouvait la chose toute naturelle et en plaisantait son ami, qui, malgré les avances marquées de Mme  de Gurcy, ne se décidait point.

Toute la compagnie qui venait chez elle remarquait le cas que faisait Mme  de Gurcy de M. de Portebize et l’usage qu’elle en eût aimé faire. Il voyait là très bonne société. Il y plaisait. On s’y rappelait sa mère, la belle Julie, et son père, le gros