Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

IV


M. de Portebize se sentait fort curieux de voir de près Mlle  Damberville, de l’Académie royale de musique et de danse.

Il l’avait entrevue au théâtre, à travers les lumières de la scène, sous le fard, dans les costumes divers de ses rôles, avec ses amples paniers enguirlandés, sa coiffure élevée, parmi l’entrecroisement gracieux des figures de ballet qu’elle animait de sa danse élégante, spirituelle, noble ou passionnée. Elle se confondait dans son esprit avec la clarté des lustres, le mouvement de la musique et les événements fabuleux qu’elle représentait et dont elle débrouillait les intrigues de ses pointes promptes et légères. Elle était, en son souvenir, instable, changeante et fugitive, toute vaporeuse de gazes, tout illuminée du feu des diamants et comme volante de rythme et d’agilité, en une sorte de prestige mobile dont elle était le centre lumineux et qui rayonnait autour d’elle.

La célèbre actrice lui avait paru ainsi délicieuse dans l’activité de sa grâce qui se renouvelait à chacun de ses gestes et de ses pas. Mais M. de Portebize savait le peu de réalité dont parfois les