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LA DOUBLE MAÎTRESSE

Galandot, il lui avait offert ses services, mais ce dernier ne lui dut guère que celui qu’on vient de voir.

Une fois la pancarte enlevée et les clés livrées, M. de Galandot quitta promptement pour son nouveau logis l’hôtel du Mont-d’Or, place d’Espagne, où il avait mis pied à terre en arrivant à Rome. Sa chaise de poste s’y trouvait encore remisée. On n’eut donc qu’à y atteler une paire de chevaux et à y charger les malles, et l’hôtelier laissa partir sans regret ce pensionnaire singulier qui ne parlait à personne et dont il avait tiré peu d’honneur et de profit, quoiqu’il n’eût pas ménagé le compte qu’il lui remit au départ, la mine goguenarde et le bonnet à la main. M. de Galandot paya sans rien dire et sans se récrier des surcroîts dont l’hôte avait impudemment grossi la note ; si bien que le maraud s’aperçut que son client n’était point avare ni regardant, et que seule la modicité de ses besoins l’avait fait passer pour tel.

Quelle qu’elle fût, elle ne pouvait pourtant s’accommoder de quatre murs nus, car ce fut tout ce qu’il trouva dans sa nouvelle demeure, de telle sorte qu’il dut dormir, la première nuit de son séjour, tout habillé dans la chaise de poste. C’est là que M. Dalfi le surprit, et le banquier eut grand’peine à se retenir de rire en le voyant descendre du marchepied et venir cérémonieusement à sa rencontre, l’épaule et le coude poussiéreux, la basque fripée et la perruque pleine de toiles d’araignée.

M. Dalfi s’excusa de sa visite matinale sur l’em-