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Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/28

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LA DOUBLE MAÎTRESSE

Celui-là, qui ne lui ressemblait guère de corps, car il était haut et bien pris, ne valait pas mieux à plus d’un titre. Si l’un par sa fourberie venimeuse eût mérité la potence, l’autre par sa brutalité grossière eût été digne du billot. En attendant le méfait auquel les vices de sa nature le destinaient tôt ou tard, il employait les forces de son bel âge à poursuivre les bergères derrière les haies et les souillons à leurs fourneaux. Au lieu de rester comme son père confiné à Bas-le-Pré, il courait le pays et se montrait partout, encore que peu à peu on lui eût fait sentir le dégoût de ses bas excès dont le moindre était de boire à outrance jusqu’à l’ivresse la plus furieuse.

Il fallut voir comment le vieux Mausseuil reçut la requête de ce pauvre M. de Galandot. Le comte avait préparé en route un discours dont il se répétait les termes et dont il ne put placer les premiers mots, tant M. de Mausseuil l’interrompit aigrement dès l’ouverture, si bien que le prétendant s’embarrassa et finit par balbutier ce qu’il s’était promis de dire avec ampleur et ménagement. On le renvoya sans réponse après l’accueil le plus acariâtre et, quand on acquiesça enfin à ses demandes réitérées, ce fut sous la forme la plus rebutante, en lui faisant sentir la faveur de cette union où il assurait à Jacqueline de Mausseuil les avantages les plus considérables.

Celle-ci attendait avec une anxiété secrète l’issue de la négociation. Bas-le-Pré fut terrible durant ces jours.

Le vieux Mausseuil, qui avait cru surprendre