Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/280

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que bien après, encore hagarde et livide, et venait sécher les flaques d’eau que les fortes pluies laissaient couler dans les salles par les croisées mal jointes ou les fissures du toit. Ces averses avaient gâté en plusieurs endroits les peintures qui couvraient les plafonds et les murailles de la villa. Aux places épargnées, on distinguait encore des figures mythologiques et des arabesques du meilleur goût.

Vu du dehors, le palais de M. de Galandot s’élevait carré sur un haut soubassement de pierre. Par derrière, une porte basse, de plain-pied avec le sol, donnait accès aux cuisines ; mais la véritable entrée était par la façade. Des colonnes soutenaient le toit à balustre. Les fenêtres ouvraient à niveau d’une terrasse ornée de vases antiques. Un escalier double y conduisait à chaque bout. Au bas de la terrasse, dans une niche de maçonnerie, se dressait une statue au-dessus d’une petite fontaine. Tout cela dans un grand délabrement.

Derrière le palais s’étendait un assez vaste jardin à peu près inculte. Les pigeons de la vieille Barbara s’y perchaient sur quelques cyprès et sur de vieux buis jadis taillés, maintenant à moitié morts, dont la verdure ébréchée laissait voir à l’intérieur le bois sec qui la soutenait.

M. de Galandot allait assez souvent s’asseoir à l’extrémité de ce jardin en attendant l’heure du souper ; il y trouvait un banc de marbre sur lequel il se reposait. Il respirait le vent de la mer qui parfois, vers le soir, vient, de son odeur saline, rafraîchir et purifier l’air romain. Souvent aussi,