Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/295

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malicieuse qui se plaît à déjouer les concerts humains, en disposa différemment. Il suffit du sourire d’une fillette et du souffle tiède de sa bouche d’enfant pour déchaîner la bourrasque orageuse d’où le pauvre Nicolas de Galandot sortit à jamais étourdi et stupéfait.

C’est à elle qu’il devait, au lieu de vieillir paisiblement sous les beaux ombrages de Pont-aux-Belles, de se trouver à Rome solitaire, erratique et étranger, réduit au service d’une vieille servante italienne borgne, noiraude et bougonne et à la conversation d’un petit tire-point facétieux et bavard ; car M. de Galandot venait plusieurs fois la semaine à la boutique de Cozzoli. Cozzoli cousait ; il enfilait son aiguille, l’œil cligné, levant son doigt où luisait le dé de cuivre. Autour de lui voltigeait sa pie. Elle sautillait sur le carreau, claquant son bec où pendaient encore des grumeaux de fromage blanc, à moins que, battant des ailes, elle ne se perchât sur l’un ou l’autre des mannequins sans tête qui formaient avec M. de Galandot l’auditoire complaisant du petit tailleur de la rue del Babuino.