Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/300

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en commun les jeux du théâtre ou les pompes publiques ; de même, il se tenait loin des joies citadines. Il en craignait le bruit et le sans-gêne. Il détestait la foule qui se presse au passage des processions et la cohue qui escorte les mascarades. Il fuyait également le chant des cantiques et les cris du populaire. Son aventure du carnaval lui demeurait en la mémoire et, de temps à autre, il s’informait auprès de Cozzoli si le temps des masques n’allait pas bientôt revenir. Cozzoli le rassurait.

Il avait pris M. de Galandot en grande considération depuis qu’il le savait riche ; il l’avait rencontré une fois chez M. Dalfi, en y rapportant de l’ouvrage. Cozzoli apprit là que, si M. de Galandot tenait à Rome un état fort modeste, il en eût pu occuper sans peine un plus considérable et parcourir en carrosse les rues qu’il arpentait de son pas dégingandé. Là-dessus Cozzoli surbroda, car son imagination le portait à tout exagérer, et il eut bientôt fait d’arriver à croire plus qu’à moitié que M. de Galandot jouait quelque rôle déguisé et accomplissait quelque mission secrète. Non, bien au fond, qu’il y crût réellement, mais son esprit chimérique le poussait à s’en persuader. Cette rêverie plaisait à sa divagation naturelle. Aussi, tantôt traitait-il M. de Galandot avec le respect qu’on doit à un personnage d’importance, tantôt avec la familiarité qu’on se peut permettre envers un bonhomme inoffensif, hétéroclite et extravagant.

Le bon M. de Galandot avait beau se défendre