Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/303

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faire servir à des conjurations ? Barbara ne lui avait-elle pas aussi confié que souvent il parlait haut sans que personne fût là pour l’entendre, que trois poulets étaient morts une fois qu’il leur avait jeté du grain de la main gauche ? et, enfin, la tante lui avait dit, en grand secret, que M. de Galandot gardait au-dessus de son lit, sur une longue planche où ils étaient rangés, une bonne douzaine de vases d’argile, peints de figures diaboliques, où il tenait sans doute des esprits enfermés.

Cozzoli, qui était peureux, commençait à regarder avec inquiétude autour de lui.

— « Sans compter qu’il nombre sur ses doigts les oiseaux du ciel, dit gravement Mariuccia qui se pinçait la joue pour ne pas rire et qui, sous la table, donnait des coups de pied à Theresa qui baissait les yeux sur son assiette en pouffant.

Et Mariuccia, tout d’une haleine, en écartant de son front une mèche rebelle de ses cheveux qui s’obstinait à lui venir chatouiller le coin de l’œil, raconta comment, en revenant du palais Lamparelli, elle avait rencontré, au coin d’une rue, M. de Galandot, le nez en l’air, en train de regarder les ébats d’une troupe de corneilles qui volaient au-dessus du Colysée.

M. de Galandot, en effet, s’amusait souvent à observer les corbeaux ou les pigeons qui tourbillonnent au ciel romain. Peut-être, à la mode antique, en tirait-il des augures de sa destinée, à moins que, plus simplement, il cherchât en leurs jeux aériens un passe-temps à sa monotone flânerie.