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VI


M. de Galandot ne se coucha point cette nuit-là.

En rentrant chez lui, il avait trouvé la table servie. D’ordinaire il lui fallait descendre à la cuisine pour rappeler à Barbara que l’heure du repas approchait ou pour l’avertir qu’elle était déjà passée depuis longtemps. La servante se levait en bougonnant et montait dresser le couvert.

Barbara, avec l’âge, devenait volontiers oublieuse. Elle tirait alors de l’armoire quelques restes qu’elle plaçait à chauffer sur le feu et courait chercher des œufs. Alors M. de Galandot entendait un grand bruit dans la cour. C’était Barbara qui, grimpée sur le marchepied de la chaise de poste et penchée à mi-corps à l’intérieur, visitait la ponte. Les pondeuses troublées caquetaient et la volaille effarée battait des ailes dans un tourbillon de duvets et de graines soulevées. Barbara revenait, une paire d’œufs dans chaque main.

M. de Galandot regardait patiemment tout cela de la fenêtre. Le crépuscule augmentait doucement. À travers les arbres, il voyait une Rome violette et comme reculée dans un lointain avec ses toits et ses dômes. Les cloches sonnaient aux